Au "pays" du Val d'Azur

Val d’Azur

 Extrait de l’ouvrage « Jean Baridon, un destin sous le carré bleu du Queyras », aux éditions du Queyras. Blanche Dao-Léna

En 1935 j’étais encore une petite fille lorsque je surpris une conversation entre un monsieur que je ne connaissais pas et mon père.

« si, si”  disait le monsieur, « je vous assure que c’est vrai”. Mon père hochant la tête répondit simplement. « un trou bleu ? J’ai beaucoup de mal à vous croire mais enfin si vous le dites… ».

Je n’en sus pas davantage pour cette fois. Les enfants ne posaient pas de questions.

Longtemps je me suis demandée où pouvait bien être ce trou bleu ; je l’ai même chercher. Je le cherchais dans la profondeur des sous-bois, dans le bouillonnement des torrents, dans les lacs d’altitude au bleu si profond, dans la neige fraîchement tombée, puis j’ai oublié l’étonnement de mon père et le trou bleu.

Devenu adolescente j’en ai entendu reparler et j’ai appris qu’il s’agissait tout simplement d’une sorte de trappe de couleur bleutée visible lorsqu’on se trouve en avion juste au-dessus du Queyras.

Ce phénomène a eu différentes appellations : Trou bleu, Trappes bleu. Carré bleu, donnant à la région autant d’appellations telles que Montagnes Bleues, Vallée Bleue, Val d’Azur ou encore Val bleu.

Ce n’est qu’en 2000 que j’ai voulu essayer d’en savoir plus et j’ai eu la chance de rencontrer un aviateur amoureux du Queyras qui ayant survolé lui-même la chaîne des Alpes, a bien voulu m’expliquer, croquis à l’appui, l’origine de cette fameuse absence de nuages.

La masse d’air humide qui se forme sous l’effet du foehn (ce vent chaud qu’on appelle mangeur de neige), poussée d’ouest en nord-ouest, se heurte à la haute barrière du massif de l’Oisans et de la Barre des Écrins, redescend vers l’est en asséchant l’atmosphère et évite la formation de nuage au-dessus du Queyras. Au nord l’imposant massif du Galibier, à est le majestueux Mont-Viso participent à cet effet de « protection » du Queyras et à la formation de cette trappe sans couverture nuageuse qui laisse toujours entrevoir, du haut du ciel, ce fameux « carré bleu ».

Cette sorte de dais tendu au-dessus de nos têtes aurait paraît-il un pouvoir surprenant sur les humains.

Il exerce sur quiconque a vécu ici quelques jours, mois ou année un attrait si puissant qu’on y vient, on y revient, on y revient encore et souvent on y reste…

Même si on ne veut pas croire à cette légende et si les autochtones s’entendent dire : « il faut être né ici pour y vivre », ou bien « il ne faut pas avoir vu autre chose », etc., etc… on ne peut que constater qu’ils sont nombreux ceux qui, bien que « nés ici », vont chercher ailleurs une vie plus facile mais s’empressent de revenir passer sous le carré bleu le temps de la retraite.

Malgré des revers, des difficultés que les jeunes ont du mal à croire, les anciens sont restés agrippés à cette montagne ingrate mais sublime.

Persuadée de cette force invisible et inexplicable j’ai choisi de raconter quelques épisodes de la vie simple, difficile, gaie, douloureuse ou sereine d’un homme honnête, travailleur, mais très « original » qui a toute sa vie, ressenti cet attrait puissant qui le forçait, toujours, à « revenir ici ».

Cet homme c’est Jean Baridon, mon père.”

Blanche Dao-Léna 

 

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